J’ai toujours été attirée par l’art, la création. Adolescente, j’ai commencé la peinture et ai intégré une école d’art. Alors j’ai découvert la photographie et la vidéo. J’ai commencé par écrire des nouvelles qui me servaient de récit. Puis ses nouvelles sont devenues des scénarios. J’ai mis quelques années à me décider entre art et cinéma. Mon désir de fiction s’est affirmé. En 2009, en réalisant « L’ignorance invincible » tout est devenu très clair. Mon travail a évolué vers un cinéma plus narratif, sans renier ses origines, et j’ai rencontré le producteur qui m’accompagne depuis. Mes films sont des drames contemplatifs empreints de sensualité abordant l’adolescence, sa beauté et sa violence dans son rapport au groupe et à la solitude. Je travaille avec de jeunes acteurs non-professionnels, m’inspirent d’eux pour nourrir mes personnages, pour trouver la justesse des mots, des attitudes, des sentiments. En contre-point de ce traitement réaliste des personnages, j’imagine des scènes très visuelles. Les scènes de dialogues naturalistes où les êtres se cherchent et s’affrontent, cohabitent avec des scènes où les corps sont en apesanteur, en communion avec les éléments naturels. Les dialogues, les corps, les paysages, les couleurs, les sons sont les éléments d’une même palette audio-visuelle.
Il me semble important de raconter des histoires, de prendre le temps de parler aux autres, de rencontrer des gens, de créer des liens, de chercher à décrire les liens qui nous unissent aux autres et aux mondes. Au-delà du récit, l’intérêt est aussi de dépeindre des sentiments, des émotions, des états d’âme, un certain rapport au monde. C’est peut-être une certaine quête de la beauté. Une beauté qui n’est pas l’apparence, mais l’essence, le réel, les désirs, les rêves qui nous constituent. J’aime la solitude exigée par l’écriture, la lecture, le déploiement de la pensée, penser mais j’aime encore d’avantage échanger avec d’autres sur le récit et ses personnages, choisir des acteurs, travailler avec eux, imaginer avec les techniciens les solutions visuelles et sonores pour le tournage, comme pour les différentes étapes de la post-production. La promesse que nous nous faisons de croire à un monde et de le créer. Cette capacité partagée par celui qui participe à la réalisation d’un film et par le spectateur, de se laisser aller à éprouver collectivement des émotions.

I have always been interested in art and creation. As a teenager, I started by painting and went in an art school. Then I discovered photography and video. First I wrote short stories as the narrative bases for my videos. Then my desire for fiction got stronger, and I began to write scripts. In 2009, I directed L’ignorance invincible, a short film co-produced by Shellac Sud and the G.R.E.C, and everything became clear. My work evolved to a more narrative cinema, without forgetting its origins, and I met the producer who accompanies me since then. My movies are contemplative dramas about youth, its beauty, its sensuality and its violence in its relation to a group and to loneliness. I work with young non-professional actors, get inspired by them to improve my characters, to find the accurate words, attitudes and feelings. The scenes of naturalist dialogues, where beings are searching for their identities and confronting to the others, coexist with scenes where the bodies are weightless, in communion with nature.
For me it is important to tell stories, to take time to talk to other people, to meet people, to create links, and to describe the link that connects us to others and to the world. Beyond the story, my interest is to depict feelings, emotions, frames of mind. I am also in search of beauty and sense. Where beauty is not as the aspect of things, but the essence, the reality, the desires and dreams that compose us. I like to be alone to write, read and think, but I like even more to share with others about the story and its characters, the pictures. I am very concerned with the promise we made in believing in a world to create it. I admire the way both those who take part in the creation of a movie and the viewers can abandon themselves to feel collective emotions.